HHC, HHCo, quels risques ?

Le HHC est un des cannabinoïdes semi-synthétiques le plus connu en France, car contrairement au delta-8-thc qui a eu beaucoup de succès outre atlantique, il est interdit ici. Ce cannabinoïde est présent à l’état de trace dans certaines variétés de cannabis, mais en trop faible quantité pour être extrait dans un but commercial. Les grossistes qui le commercialisent utilisent donc du CBD (largement disponible et légal), pour le transformer en delta-8-thc – puis HHC – par isomérisation. Ce processus doit se faire dans des conditions de laboratoire et utilise des acides fort et des solvants pour provoquer le processus de transformation.

Nous avons eu accès aux analyses d’un grossiste américain assez connu dans ce milieu (Mx Nxxxxxxxxxxxxs) qui fournit notamment certains shops EU et brasse des kg.

Selon ses propres résultats, un des derniers lots de HHC de ce fournisseur contient visiblement 63,7 % de l’isomère R et 31,0 % de l’ isomère S ce qui fait tout de même 5% d’impuretés (et le S n’est visiblement pas actif sur les récepteurs CB1 – mais peut-être CB2).

Sur 3 analyses (juin, août et novembre 2022), ça s’améliore au niveau de l’isomère R (qui est recherché pour ses effets, mais pas celui présent naturellement dans la plante). Mais on ne sais pas ce que sont ces impuretés, ni quels effets secondaires elles peuvent causer, particulièrement en combustion.

Certains chimistes US – où ce type de produits est très répandu – s’inquiètent de la composition (ils parlent du delta-8-thc, mais les mêmes processus sont utilisés pour le HHC, voir même une étape supplémentaire) :

« Ce qui me préoccupe, c’est que nous n’avons aucune idée de ce que sont ces produits », déclare Christopher Hudalla, président et directeur scientifique de ProVerde Laboratories, une société de tests analytiques avec des installations dans le Massachusetts et le Maine. « Les consommateurs sont utilisés comme cobayes. Pour moi, c’est horrible », dit-il.

En utilisant des méthodes chromatographiques avec détection par spectrométrie ultraviolette ou de masse, les scientifiques de ProVerde ont testé des milliers de produits étiquetés delta-8-THC. « Jusqu’à présent, je n’en ai vu aucun que je considérerais comme un produit légitime de delta-8-THC », déclare Hudalla. « Il y a du delta-8 là-dedans, mais il y a très souvent jusqu’à 30 pics chromatographiques que je ne peux pas identifier. » Il y a souvent aussi des pics en corrélation avec le delta-9-THC ainsi qu’avec un autre isomère, le delta-10-THC, note-t-il.

« Je suis moins préoccupé par les isomères traditionnels du THC que par les inconnus omniprésents », déclare Michael Coffin, scientifique en chef
chez Elevation Distro, une société californienne de fabrication et de distribution de cannabis. « Delta-8, delta-9 et même delta-10 ne semblent pas avoir d’effets néfastes sur les personnes que nous connaissons à ce stade », dit-il. Mais beaucoup de gens font un mauvais travail de nettoyage de leurs produits de réaction, ajoute-t-il, ce qui se traduit par « toute une soupe » de sous-produits et d’autres composés indésirables. La conversion du CBD en delta-8-THC implique le reflux du CBD dans un solvant organique, tel que le toluène ou l’heptane, avec de l’acide p-toluènesulfonique ou un autre acide qui sert de catalyseur.

Ce sont des conditions synthétiques assez agressives qui utilisent des acides forts », explique Hudalla. «Ils pourraient utiliser des bases fortes pour neutraliser. Ils peuvent utiliser des catalyseurs métalliques. J’entends différentes personnes le faire de différentes manières. Dans un environnement pharmaceutique, les chimistes titulaires d’un doctorat s’assurent que les produits ne contiennent pas de réactifs nocifs non consommés, dit-il. Mais personne ne mesure le pH des produits delta-8 ou ne teste les acides forts et les métaux résiduels qui restent,
dit-il. Il est possible de séparer le delta-8-THC des restes de réaction ou des sous-produits indésirables, mais « la plupart des gens ne prennent pas le temps de le distiller ou d’utiliser la chromatographie » pour le faire, déclare Kyle Boyar, associé de recherche au Centre de recherche sur le cannabis médicinal de l’Université de Californie à San Diego. Un sous-produit couramment trouvé dans les produits delta-8-THC est l’olivetol, un précurseur du THC, dit Boyar. « Je ne pense pas que quiconque connaisse vraiment la dose d’inhalation sûre d’olivetol », ajoute-t-il. »

De plus, le HHC est souvent consommé sous forme de fleurs ou de résine, mais des solvants sont généralement utilisés pour incorporer la molécule à du chanvre riche en CBD. Il peut donc rester des quantités non négligeables de solvant résiduel (ici isopropanol), comme en témoigne cet exemple d’une analyse réalisée aux États-Unis :

Par ailleurs, attention avec le HHC-O qui est parfois proposé comme alternative au HHC, il est fortement déconseillé de fumer ou vaporiser les formes « acetates », et tous les autres cannabinoïdes qui finissent par O (HHC-O, THC-O, HHCP-O, THCP-O).

Il y’a encore peu de recherche à ce sujet, mais selon cette étude ces cannabinoïdes chauffés formeraient des cétènes :

« Parce qu’il contient une sous-structure similaire à celle de l’acétate de vitamine E, dont il a été démontré qu’il formait un gaz toxique, le cétène, lors du vapotage, nous avons étudié la formation potentielle de cétène à partir de l’acétate de Δ8-THC, ainsi que de deux autres acétates de cannabinoïdes, dans des conditions de vapotage. Le cétène a été systématiquement observé dans les condensats de ces trois acétates de cannabinoïdes. »

Le cétène serait donc un gaz toxique…de plus on a tous entendu parlé de la vague de décès / maladies pulmonaires graves aux USA liée à la présence d’acétate de vitamine E dans les e-liquides au THC (ou autres).

Sur les forums US, ils conseillent plutôt d’ingérer ce type de cannabinoïdes et d’éviter formellement toute inhalation.

Pour finir, avec l’association nous avons fait analyser plusieurs cannabinoïdes semi-synthétiques, que ce soit du « kief de D8 » ou des fleurs RAF censés être une alternative 100% légale au HHC, et les résultats montrent que les usagers ne savent pas réellement ce qui est consommé ni les concentrations. Stay safe !


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Commentaires

Une réponse à “HHC, HHCo, quels risques ?”

  1. […] analyses menées par l’association Not For Human ont permis de mettre en évidence certaines méthodes […]