Not For Human est un collectif de prévention et de réduction des risques liés aux nouveaux produits de synthèse (NPS) et autres « legal highs ».

Nouvelles drogues ?

Ces substances qui profitent d’un vide juridique sont couramment appelées RC (initiales anglaises de Research Chemicals).

Dans les années 70, un chimiste du nom d’Alexander Shulgin qui travaillait pour Dow Chemicals (conception d’un pesticide), se spécialisa très tôt dans l’étude des psychotropes. Il créa environ 200 substances dérivées de 2 grandes familles: les tryptamines (ex : psilocybine des champignons hallucinogènes) et les phénétylamines (ex: mescaline de certains cactus). Essentiellement des psychédéliques, mais aussi quelques stimulants et empathogènes. C’est d’ailleurs lui qui redécouvrit et popularisa la fameuse MDMA (ecstasy).

Il publia l’ensemble de ses recherches (en passant de la synthèse aux expérimentations qu’il fit sur lui-même et quelques proches) dans deux livres: Tihkal et Pihkal.

Rapidement, ses livres se retrouvèrent sur internet et bientôt, des chimistes (amateurs au début) se mirent à produire certaines de ces molécules et à les commercialiser sur le web pour quelques « initiés ». Par la suite, des gros laboratoires en Chine ou en Inde industrialisèrent la production. En effet, l’utilisation des « legal highs » qui comprend les « research chemicals » (mais aussi toutes les plantes utilisées de par le monde pour modifier la conscience et qui ne sont pas classées au niveau international comme le kratom, la salvia divinorum, etc.) se développe facilement avec internet.

Avec les interdictions et l’appât du gain, des chimistes moins scrupuleux que Shulgin inventent régulièrement de nouvelles molécules dont le seul but est de contourner la loi (et de faire beaucoup d’argent rapidement). De fait, la réponse législative est obsolète, car les chimistes ont toujours un coup d’avance, commercialisant une nouvelle molécule dès que la précédente est interdite. Par exemple, près le classement de la méphédrone (4-méthylmethcathinone) qui est un puissant stimulant, de nouveaux dérivés sont apparus, tel que la 3-MMC (3-methylmethcathinone), puis la 3-CMC (3-chlorométhcathinone), etc. Pareil pour les dérivés du LSD (lysergamides) dont plusieurs ont été placés sur la liste des stupéfiants, mais rapidement le 1CP-LSD, 1V-LSD, 1D-LSD sont venus les remplacer.

Les sites internet qui les commercialisent, proposent ces molécules pour « la recherche uniquement » et « pas pour la consommation humaine » (not for human consumption). Cela leur permet de se déresponsabiliser des futures utilisations de l’acheteur…(et de se couvrir en cas de problème).

Quels risques pour les usagers ?

· Aucun test n’a été – dans la plupart des cas – réalisé (contrairement aux « drogues classiques » qui ont fait l’objet de nombreuses études) et on ne sait quasiment rien des effets à moyen et long termes que provoquent ces produits.

· La plupart des laboratoires qui synthétisent ces molécules sont basés à l’autre bout du monde, et quand on voit les nombreuses contre-façon qui parviennent parfois de ces pays, on est en droit de se poser quelques questions…

· Il y a aussi les risques liés aux impuretés qui peuvent être contenues dans ces substances (suite à une mauvaise synthèse par exemple) et provoquer des lésions permanentes (exemple: le MPTP dans la desmethylprodine).

· Au niveau des risques spécifiques, cela dépends évidemment des molécules utilisées…Mais par exemple, certains cannabinoïdes synthétiques peuvent engendrer de l’arythmie et des problèmes cardiaques, des benzodiazépines comme le phénazépam des black out de plusieurs jours et des décès ont étés signalés avec certaines phénéthylamines (2C-T-7) et tryptamines (AMT), la MDPV et bien d’autres.

· Enfin, il arrive parfois que le fabricant se trompe de produit ce qui peux avoir des conséquences fatales.En 2009 et 2011, plusieurs overdoses mortelles ont eu lieu: du bromo-dragonfly avait été vendu à la place de 2C-B-Fly et de 2C-E.

Réduction des risques

Partant de ce constat, et du fait que l’information sur ces produits est surtout relayée sur la toile, Not For Human pratique « l’aller-vers » (outreach) et intervient dans les communautés virtuelles d’usagers (forums, FB, groupes Discord, etc.) liées à la RDR et aux drogues.

Le projet est né à la base sur le forum Psychonaut.com, notamment parce qu’une importante communauté d’usagers de nouveaux produits de synthèse y était présente. Notre partenariat avec plusieurs laboratoires indépendants et bénévoles, nous a permis de proposer depuis 2013 de l’analyse à distance (anonyme et gratuit). Ainsi, au fil des ans nous avons réalisé des alertes quand un produit vendu en ligne ne correspondait pas à ce qui était attendu, qu’il contenait une impureté ou était adultéré. Nous évitons de publier les « bons » résultats car notre but vise à prévenir le plus grand nombre d’usagers quand un mauvais lot ou un produit frelaté / surdosé circule, pas de faire de la pub à des shops / dealers.

L’information étant primordiale pour réduire les risques liés aux NPS, il convient de se mettre constamment à jour, pour être en capacité de donner les réponses les plus adaptées. Pour toute demande et afin de préserver au maximum votre anonymat, nous vous invitons à nous contacter par mail et à utiliser un VPN et une messagerie permettant le chiffrement de bout en bout.

Nous contacter :  notforhuman(at)protonmail.com

Présentation de NFH et du pôle analyse : vidéo