Un usager nous a contacté pour partager sa mésaventure récente (preuves à l’appui). Ayant acheté une plante chamanique (bobinsana alias calliandra augustifolia, utilisé notamment par les chamans dans les « diètes » en Amazonie) sur la boutique française Herboristerie Y*****k B*hb*t, et ayant eu des effets bien plus forts qu’attendu, il voulait laisser son avis dans les commentaires qu’on peut faire après achat.

Son avis n’a jamais été publié. Il était pourtant assez court, décrivait le dosage utilisé et la méthode, et mettait en garde sur le fait que cette plante n’était pas pour tout le monde et qu’il fallait faire attention (notamment aux interactions).
Après avoir contacté le shop en question, on lui a expliqué que « la législation française nous interdit de formuler tout conseil d’utilisation ou posologie concernant les plantes que nous vendons. L’avis que vous avez déposé concernant le Bobinsana aurait pû être assimilé à du conseil, raison pour laquelle nous ne l’avons pas publié. »
Il a demandé quel passage posait problème, pour qu’il le reformule afin de respecter les critères, aucune réponse.
Comme nous l’a fait remarqué l’usager, « ils peuvent me vendre la plante, mais sans conseils pour la consommer. Pourtant ils s’appellent herboristerie ? »

Ça nous fait vaguement penser au « not for human consomption » des rc shops : une hypocrisie bien pratique. Sauf que là, on surf sur le côté naturel, bio, etc.
Et effectivement, on constate que la boutique entretien un certain flou, proposant des plantes médicinales bien connues comme la valériane, la camomille ou le ginseng, et des plantes « ethnobotaniques » comme le bobinsana, le sinicuichi, le kanna ou l’ajo sacha, ainsi que des mélanges d’herbes à fumer.

Là où ça pose problème, c’est que l’usager a ressenti des effets très angoissants, qui ont duré plusieurs jours, après la prise de bobinsana. Après recherche, il semblerait que la plante contienne notamment de la tétrahydroharmine (THH), un alcaloïde qu’on trouve aussi dans l’ayahuasca. Il agirait comme IMAO et potentiellement IRS (inhibiteur de recapture de la sérotonine).
Quand on consomme des IMAO, il est important d’éviter toute substance qui agit sur la sérotonine, comme : antidépresseurs, MDMA, amphétamines, certains médicaments, etc. (liste non exhaustive), le risque étant un syndrome sérotoninergique. Certains aliments sont aussi à éviter par précaution : essentiellement les aliments riches en tyramine et l’alcool.
La personne n’ayant pas fait très attention à son alimentation, pas impossible qu’elle ai subie une interaction qui a générée son état d’anxiété, accompagné de maux de tête, nausée, perte d’appétit et problèmes de sommeil.
Elle voulait donc partager son expérience dans l’avis – pourtant demandé initialement par la boutique – pour avertir les futurs acheteurs d’être prudents. Mais le shop ne lui en a pas laissé l’occasion. Donc non seulement il n’informe pas vraiment des dosages, de l’utilisation, mais il préfère taire un commentaire pourtant utile en terme de réduction des risques.
Le prétexte donné semble illusoire, étant donné que d’autres avis ont été publiés sur le site (voir les captures d’écran), qui décrivent un usage et des mode de préparation.


Pour nous c’est un comportement dangereux, que nous souhaitons dénoncer. On lui laisse donc une tribune libre, afin de développer son expérience :
« J’ai utilisé le bobinsana à raison de 4 grammes en décoction (15 min). Des effets assez toniques / stimulants ont été ressentis durant l’après midi mais rien d’anormal, puis le soir, j’ai commencé à me sentir mal après le repas. Une sensation étrange dans la tête s’est manifestée, et j’ai très mal dormi. J’ai été réveillé tôt le lendemain et cette sensation a continué toute la journée. Je n’avais aucun appétit, était légèrement nauséeux et avait un peu mal à la tête en fond. En parallèle, ma perception était modifiée, je ressentais de l’anxiété inhabituelle, qui a évoluée en angoisse pendant 2 ou 3 jours.
Je pense que la tétrahydroharmine contenue dans la plante est en partie responsable des effets, car la demi-vie est d’environ 11 heures, et il faut environ 5 à 7 demi-vies pour éliminer totalement la substance du corps, ce qui correspond à peu prêt à la durée du malaise que j’ai vécu.
J’ai mangé certains aliments après avoir consommé la plante, qui pouvaient contenir de la tyramine (figues mûres, sardines, un peu de fromage), je ne sais pas si c’est en lien. Mais je trouve cette plante dangereuse, il faut faire gaffe et c’est pour ça que j’ai pas compris que mon avis n’ai pas été publié. J’ai bien sûr jeté tout ce qu’il me restait, j’ai vraiment eu peur. Merci à NFH de me laisser m’exprimer librement et de relayer mon témoignage. »
Voilà, notre politique a toujours été de défendre les usagers et pas les shops. On avait déjà publié quelqu’un qui avait eu un problème avec un vendeur de kava.
En bref, vous l’avez compris on ne cautionne pas du tout ce type de pratique et c’est vraiment naïf de croire qu’avec internet, l’info ne circulera pas !
Plantes ou synthétique, restez safe ! Les pires poisons sont aussi dans la nature…
