Fin des analyses, bilan et plaidoyer

Comme nous l’avions évoqué, le dispositif d’analyse à distance prend fin.

En effet, il n’est pas possible de fournir un travail bénévole indéfinimment, en particulier quand le principal intervenant est dans une situation précaire mais aussi pour notre partenaire de la 1ère heure pour l’analyse, qui après 10 ans de bons et loyaux services gratuits, a aussi besoin d’une rémunération .

Par ailleurs, nous remarquons qu’avec le temps, de plus en plus de personnes faisant appel au dispositif, donnent l’impression de se sentir en sécurité parce qu’ elles savent ce qu’elles consomment (sous entendu, « si c’est pur pas de problème »)…et ne recherchent pas spécialement de conseils de RDR ou autre.

Non seulement nous ne sommes pas des « distributeurs à résultats », mais en plus cette fausse sécurité peut favoriser la survenue d’accidents, d’addictions, etc. Car ne l’oublions pas, les coupes et / ou les dosages inappropriés, ne sont pas les seuls en cause dans les effets secondaires induits par les prods : les substances en elles-même comportent un rapport bénéfices / risques plus ou moins élevées selon le produit.

Après notre publication sur l’arrêt des analyses, de nouveaux résultats (qui étaient en attente) sont arrivés, tous pour du LSD et on peut constater que si les micropointes sont sous dosées (comme pour les buvards), le LSD liquide semble plus proche de ce qui est annoncé.

Voici le résultat de 2 micropointes blanches, provenant de la même source Telegram mais avec une taille légèrement différentes (vendues à 150ug, mais respectivement 60 et 42ug) :

Et voilà du LSD en gouttes (liquide jaune) acheté sur le darknet à 100ug par goutte, qui en contient réellement 94ug :

Enfin, un autre provenant cette fois de Telegram (liquide transparent censé contenir 200ug / 1 millilitre), a été analysé à 108ug / 0,5 ml :

En conclusion, les analyses n’ont toujours représentées qu’une petite partie du travail de Not For Human, la plus visible certes, mais nos interventions en ligne sur les forums d’usagers, les groupes Discord ou FB, les échanges par mails, etc. sont réellement la raison d’être de l’association. Les analyses à distance n’ont toujours été qu’un prétexte à interagir, et aussi à déconstruire les idées reçues qui circulent chez les usagers de drogues, que ce soit avec la pureté élevée des RC ou bien comme plus récemment, la fiabilité des dosages de LSD vendu sur le darknet.

Cependant, à l’heure où de plus en plus d’assos se créent autour de la e-RDR / la RDR 2.0, la question des financements n’est pas au RDV ni à l’ordre du jour des pouvoirs publics, qui préfèrent se reposer sur le bénévolat éternel, devenant la norme (les collègues qui font de l’analyse à distance pour ATP sont logés à la même enseigne) et le temps passé derrière les écrans floute toujours plus la frontière entre travail et loisir…

Dans le passé, l’auto-support avait réussi à se soutenir mutuellement, mais à l’heure actuelle la course aux subventions crée plutôt un esprit de concurrence entre les différents acteurs, ce qui ne facilite pas l’émergence de nouveaux venus. Dans ce contexte, l’avenir du projet est fortement compromis mais va peut-être perdurer sous forme de collectif (ce qu’il était à la base), to be continued…


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